Le Gralet -Lélex
18 juin. Le Gralet-Lelex
7 heures, tout le monde debout ! Il ne faut pas être en retard au rendez-vous avec Jules et Lara !
Ferdinand sort dans la brume chercher de l’eau pour le thé du petit déjeuner.
Grâce au poêle, nos chaussures et nos vêtements ont bien séché.
Mais c'était presque peine perdue : au bout de 100 mètres, Ferdinand et moi avons de nouveau les chaussures et les chaussettes entièrement trempées, toute la journée cela va faire « floc floc » à chaque pas, et à l'arrivée, on aura les pieds tout mous et tout fripés !
Il fait gris, mais de temps à autre, une trouée dans les nuages nous permet d'apercevoir Genève et le jet d'eau sur le Léman.
Par contre, impossible de voir les Alpes et le Mont Blanc, et côté Jura, tout est bouché (il faut bien l'avouer, c'est par là qu'arrive le mauvais temps...). C'est bien décevant, mais tant pis, nous reviendrons ! Malgré la brume, c'est beau, le sentier suit la crête, on monte, on redescend… Ferdinand élabore des théories sur les limaces oranges et noires : sont-elles françaises ou suisses et lesquelles auraient le dessus sur les autres (d'ailleurs, les françaises affronteront-elles les helvètes demain soir à l'Euro des limaçons ?!).Soudain, Ferdinand aperçoit des chamois qui se découpent sur la brume le long d'une crête. Philippe attrape le portable pour faire une photo, à ce moment-là, le téléphone se met à sonner, c'est papa ; je lui dis : « coucou papa, tu viens de faire s' enfuir des chamois ! », il n'a pas l'air plus étonné que cela, mais il faut dire que depuis deux mois, il a l'habitude que les appels se fassent dans des lieux souvent insolites !
Un peu plus loin, nous retrouvons les chamois, tout un troupeau cette fois, il y a même des petits. Nous les observons avec les jumelles, mais les photos ne donnent pas grand-chose à cause du brouillard…
Ici, c'est le royaume des anémones. Jusqu'ici, nous en avions vues quelques unes par-ci par-là, mais ici, il y en a en quantité, dans une zone assez restreinte
(d'ailleurs, c'est frappant avec pas mal de fleurs, en dehors des plus communes ; elles sont rares, et soudain, on en trouve plein dans une zone très circonscrite, puis plus du tout un peu plus loin). On voit aussi de belles pervenches (ou seraient-ce des gentianes ? Il nous faut les lumières de Gérard !) d'un bleu très intense.
La pluie reprend, on remet les ponchos… Hier, nous n'avions pas croisé un chat, ce matin, il y a quelques coureurs de trail qui s'entraînent et quelques randonneurs, dont un monsieur parti de Montbéliard et qui va jusqu'à Culoz.
Nous passons le Reculet, encore un peu de montée et nous voici au sommet du Jura, le Crêt de la Neige, 1720 mètres. Il fait froid, mais sec, Philippe appelle sa maman, nous attendons Jules et Lara qui ne sont plus très loin (ils ont garé la voiture à Lélex et sont montés à notre rencontre)
Philippe, d'humeur romantique, se sent une âme de Caspar David Friedrich et fait un remake de « Wanderer über dem Wolkenmeer » (d'habitude, il se la joue plutôt « Batman » avec son grand poncho bleu !)
Soudain, c'est reparti, il pleut ! Et il ne fait pas semblant ! Nous nous serrons les uns contre les autres et essayons de faire une sorte de tente avec les deux ponchos. Mais il y a des gouttières partout. Et voilà qu’il grêle ! On est vraiment le 18 juin ???
C'est comme cela que Jules nous trouve en arrivant… Il a laissé Lara un peu en contrebas, à l'abri d'un arbre, nous la retrouvons toute transie de froid.
Nous trouvons un endroit abrité du vent pour pique-niquer (maman s'est chargée de nous préparer un bon casse-croûte apporté par Jules), la pluie s'arrête un moment, mais pas très longtemps, nous voilà donc repartis, presque au pas de course tant il fait froid. J'ai enlevé mes gants car ils sont trempés, j'ai l'onglée, comme l'hiver au ski !
Comme nous perdons rapidement de l'altitude et que le versant est relativement abrité du vent, nous finissons par nous réchauffer. Nous faisons une halte au refuge de la loge et apprécions le café et le chocolat chaud.
17 heures, après une descente parfois bien raide, nous arrivons à Lélex (900 mètres), une station de ski où j'adorais venir quand j'étais ado, parce que les pistes étaient plus grandes qu'aux Rousses et qu'il y avait des œufs comme dans les Alpes. On annonce encore de la pluie pour la nuit, du coup, nous prenons une chambre à la « Pomme de pin ». En discutant, nous découvrons que la propriétaire de la chambre d'hôtes, qui est prof de gym, a travaillé un an au collège de Clairvaux dans les années 1980 et connaît bien papa et maman, et d'autres gens de Hautecour. On sent qu'on s'approche de la maison !
Jules, Ferdinand et Lara repartent pour Hautecour où ils passeront la journée de demain avant de repartir respectivement pour Paris et Bâle. Ferdinand et Elsa doivent faire leur déménagement. Pour ceux qui ne le savent pas encore, ils vont partir mi-août pour 10 mois en Nouvelle Zélande, Elzouille la Fripouille a été embauchée dans un labo de recherche à Wellington et Ferdi y sera en stage en attendant de commencer sa thèse.
Nous avons vraiment apprécié cette semaine de marche avec Ferdinand (même si nous nous sommes fait abondamment chambrer !), et lui aussi je crois ; et c'était chouette d'être rejoints par Jules et Lara, malgré ce temps pourri : des moments rares et précieux !