Saugues -Saint Privat d'Allier
22 mai. Saugues-Saint Privat d’Allier
Ce matin, Alexandre et Philippe se mettent en route (sans sacs) tandis que je me charge de faire les courses pour le pique-nique de midi et de convoyer la voiture (et, accessoirement, d’écrire ce blog sur un téléphone portable, ce qui n’est pas une mince affaire quand on n’est pas accro aux sms).
Cela fait vraiment tout bizarre d’être au volant, même si je e fais que 15 kilomètres ! Je dois les rejoindre à Monistrol d’Allier, où ils arrivent après trois heures de marche (que je leur laisse le soin de relater).
Le père et le fils sont tout heureux de se retrouver.' ils parlent' causent et défi sent... et en oublient de faire attention au balisage, punition immédiate : quelques km supplémentaires pour rattraper le chemin !
L'arrivée sur Monistrol d'Allier est magnifique, il fait encore beau, mais les premières gouttes tombent dès l'arrivée dans le village, un repli stratégique s' impose.
Comme il fait froid, nous décidons de manger au restaurant et de garder le pique-nique pour ce soir (comme vous le voyez, ce n’est pas le bagne…). Ce restaurant n’existait pas il y a quatre ans, il a été repris par un couple d’homos, JC et Salem, amoureux du chemin, et qui ont eu envie de s’installer là. Ils nous suggèrent d’ailleurs de remonter vers le Jura en empruntant le chemin de Cluny (à l’envers bien sûr), dont ils disent beaucoup de bien. Mais le chemin de Cluny ne passe pas par Flumet (ni par Vinézac), ce sera pour une autre fois ! L’endroit est très sympathique, et on y mange une cuisine à la fois simple et inventive, à base de produits du terroir, délicieuse. A noter, le plat de ravioles et côtes de bettes, avec une sauce crème-cannelle, et l’assiette de desserts (gâteau chocolat, gâteau citron, fromage blanc de pays). On sort de là à moitié titubants (ce qui n’empêchera pas Alexandre d’avoir la dalle quelques heures plus tard, alors qu’il n’a pourtant rien d’un hippo !). Entre-temps, conformément aux prévisions, il s’est mis à pleuvoir dru. Personne n’a envie de marcher. Voir les pèlerins arriver un par un courbés sous leur poncho est très dissuasif ! Nous demandons conseil pour une balade en voiture, et nos hôtes nous envoient à Alleyras ; la route toute en virages longe les gorges de l’Allier, c’est très joli (quoique peu indiqué après un plantureux repas).
Vers 16h30, nous prenons nos quartiers au « gite du jaquet » à Saint Privat. Ambiance zen et chaleureuse distillée par le poêle à bois et la maîtresse de maison, très accueillante. A la cuisine, il y a du thé, des tisanes et des sirops pour les arrivants. Au grenier, un espace aménagé pour ceux qui veulent se reposer, lire, faire du yoga, il y a même une table de massage et des huiles essentielles (mais comme mon hippo joue aux cartes avec Alexandre, c’est raté pour le massage !) Par contre, pas de réseau et pas d’internet pour vous envoyer cette prose !
Dans un livre posé à la cuisine, « 365 méditations sur les chemins de Compostelle », je relève deux phrases que je partage ici avec vous :
« Si votre quotidien vos paraît pauvre, ne l’accusez pas ; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n’êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses ». (Rainer Maria Rilke)
« Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes » (Talmud)